Birmanie: la junte militaire organise des élections contestées après cinq ans de guerre civile
La Birmanie a entamé dimanche un processus électoral échelonné sur un mois, organisé par la junte militaire au pouvoir depuis le coup d'État de février 2021. Ces élections, qui se déroulent dans un contexte de guerre civile persistante, suscitent de vives critiques de la part de la communauté internationale.
Un scrutin organisé par l'armée
Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a défendu la légitimité de ces élections en affirmant qu'elles étaient "libres et équitables" après avoir voté dans la capitale administrative Naypyidaw. "Elle est organisée par l'armée, nous ne pouvons pas laisser ternir notre nom", a-t-il déclaré.
Cependant, l'ancienne dirigeante et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi demeure emprisonnée, purgeant une peine de 27 ans pour diverses condamnations. Son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, a été dissous après le coup d'État qui a mis fin à la transition démocratique du pays.
Critiques internationales et contexte sécuritaire
De nombreux pays occidentaux et organisations de défense des droits humains ont condamné ce scrutin, dénonçant la répression systématique de l'opposition. Le bureau birman de l'ONU a souligné qu'"il est essentiel que l'avenir de la Birmanie soit déterminé par un processus libre, équitable, inclusif et crédible".
La guerre civile qui déchire le pays de 50 millions d'habitants limite considérablement la portée de ces élections. Le scrutin ne peut se tenir dans de vastes zones contrôlées par les forces rebelles, remettant en question sa représentativité nationale.
Participation citoyenne malgré les controverses
Malgré les critiques, certains citoyens birmans ont participé au vote dans les zones sous contrôle gouvernemental. À Rangoun, Mandalay et Naypyidaw, les bureaux de vote ont ouvert leurs portes dès 06h00 locales.
Thida Hlaing, une femme au foyer de 56 ans, a exprimé son souhait d'"un pays pacifique et stable" après avoir accompli ce qu'elle considère comme son devoir civique dans le canton de Zabuthiri.
Le Parti de l'union, de la solidarité et du développement, favorable aux militaires, devrait largement dominer ces élections, ce que les observateurs interprètent comme une stratégie de légitimation du régime militaire.
Le processus électoral se poursuivra avec une deuxième phase dans deux semaines, puis une troisième et dernière phase le 25 janvier, dans un contexte où la stabilité régionale demeure un enjeu majeur pour l'ensemble de l'Asie du Sud-Est.